Depuis le début des années 1980, Andreas Gursky propose une vision spectaculaire du monde contemporain (de groupements humains, de lieux et de villes) à travers des photographies couleur monumentales, souvent frontales et hypersaturées de détails, aux antipodes de l'instantané photographique. A l'instar de ses professeurs Bernd et Hilla Becher, son regard cultive la distance aux choses et le point de vue adopté est souvent surélevé. Gursky recherche les signes les plus marquants des structures économiques et sociales dans lesquelles nous vivons, les lieux décisionnaires du secteur politique, marchand et informationnel, les complexes urbains et touristiques et l’entertainment. En 1990, le Siemens Arts Program l'invite à participer à un projet dont le but était d'observer les relations existant entre l'homme, l'environnement et la technologie. Ce projet lui ouvre non seulement les portes de Siemens, mais aussi celles de Mercedes Benz, Grundig, Schiesser et d'autres encore. Il révèle alors les structures répétitives et aliénantes qui organisent nos espaces de travail désormais transformés par l’industrie de haute technologie. L’année 1991 constitue à double titre un tournant dans son oeuvre. D'une part, il participe à la première exposition commune des Becher avec certains de leurs élèves, intitulée Aus der Distanz (« à distance ») et, d'autre part, il introduit l’ordinateur dans l’élaboration de ses photographies. Si, au départ, l'artiste utilise les procédés numériques par souci de clarté formelle (il élimine tout détail qui lui semble superflu), il en fait ensuite un usage systématique. « Mes photos sont souvent des interprétations de lieux » dit-il. Son objectif est d'agrandir l'espace sur l'image. A cette fin, il élabore un long et minutieux travail de retouche, de juxtaposition et d’agencement de différentes prises de vue. Montparnasse (1993), La Bourse de Hong Kong (1994), Hong Kong Island (1994), Los Angeles (1998), 99 Cents (1999), Loveparade (2001), Madonna I (2001), Cocoon II (2008) constituent autant d'images vertigineuses, commentaires distants de nos modes et lieux de vie.
Né à Leipzig, Andreas Gursky vit et travaille à Düsseldorf. Entre 1977 et 1981, il étudie à la Folkwangschule d’Essen dirigée par Otto Steinert (1915-1978), fondateur de la Subjektive Fotografie (Photographie Subjective). Puis il rejoint la classe de Bernd et Hilla Becher à la Staatlichen Kunstakademie de Düsseldorf de 1981 à 1987. L’œuvre du photographe est présentée dans de nombreuses manifestations internationales d'art contemporain depuis le début des années 1990. Le Museum of Modern Art de New York lui a consacré une rétrospective en 2001 et le Centre Georges Pompidou en 2002.
Nadine Labedade