« Refaiseur », telle est la façon dont se qualifie lui-même Didier Marcel. Il observe le monde qui nous entoure, depuis les petits objets jusqu'à la ville, pour en recréer une image paradoxale, entre modèle et copie. Ses premières œuvres en plâtre manifestent rapidement un goût pour l'architecture et les formes creuses. Des maquettes de maisons posées sur des socles ou sur le sol jouent sur les rapports d'échelle et de matériaux, opposant le plâtre et la facture artisanale à un aspect souvent plus industriel du support. La question du mode de production et de présentation sous toutes ses formes deviennent alors récurrentes dans le travail de l'artiste, et se manifestent par un choix très étudié de présentoirs, d'étagères ou même de revêtements de sol. Maquettes d'architectures, installations, dessins, mobilier, sont, dans tous les cas, des artefacts. Images tridimensionnelles d’objets déréalisés, ses œuvres sculpturales, qui pour certaines intègrent des moteurs donc du mouvement, opèrent un jeu de renvois incessants entre naturel et artificiel, architecture et non-architecture, paysage et non-paysage, domestique et public. La démarche de Didier Marcel est ainsi centrée sur l’idée d’opposition qui consiste pour lui à extraire de leur contexte certains éléments souvent banals pour les réintroduire dans l’espace muséal. C’est le cas de toutes les pièces qui restituent des fragments naturels, lesquels sont recréés avec des matériaux de synthèse (Sans titre (labours), 2006 ; série de maquettes Démolitions, inaugurée en 1992). La maquette n’est plus pour Didier Marcel prévisualisation d’un édifice à venir mais devient un outil de modélisation et de critique en creux du banal.
Didier Marcel vit et travaille à Dijon. Il a obtenu un D.N.S.E.P. à l'École des Beaux-Arts de Besançon en 1985, puis un diplôme à l'Université de Paris I en 1987 et à l'Institut National des Hautes Études en arts plastiques à Paris en 1989. Son travail est l’objet d’importantes expositions personnelles (MUDAM, Luxembourg, 2009 ; Musée d’art moderne et contemporain, Strasbourg, 2006 ; MAMCO, Genève, 2005). Il a également présenté une installation à la manifestation I love Dijon en 2001 et fut sélectionné pour la biennale de Lyon en 2003 et La Force de l’Art 02 au Grand Palais à Paris en 2009. Il est lauréat 2008 du Prix international d'art contemporain de la Fondation Prince Pierre de Monaco et a été nommé pour le Prix Marcel Duchamp la même année.
Nadine Labedade