Pour Pier Vittorio Aureli et Martino Tattara, les recherches théoriques sur l’architecture et la ville font partie intégrante de leur « production » architecturale, pour laquelle l’écriture est un instrument de projection de leurs idées. A travers leur agence DOGMA, ils opèrent un retour « radical » à l’architecture, envisagée ici comme un outil rationnel de délimitation de l’espace. Cherchant à réévaluer le statut politique de l’architecte face à sa production, DOGMA accomplit une relecture originale des sources critiques de l’Italie des années 1960, d’Archizoom à UFO, d’Aldo Rossi à Superstudio. Ainsi, ils proposent à leur tour, contre l’architecture de leur temps, une architecture non-figurative, et dont l’essence première serait d’être un « cadre » de vie. Conférer à l’architecture sa limite, en dessiner le cadre, est pour DOGMA un moyen de lui redonner un langage opératif. Plus que des solutions ad hoc, ils entendent établir une nouvelle « grammaire de la cité ».
Fondée en 2003 à Rotterdam par Pier Vittorio Aureli (1973) et Martino Tattara (1976), l’agence DOGMA mène, parallèlement à ses activités de prospection et de conception (Ville administrative de 500 000 habitants en Corée du Sud, 2005) une activité théorique à travers la parution de nombreux articles et ouvrages (The Project of Autonomy : Politics and Architecture Within and Against Capitalism, Pier Vittorio Aureli, 2008). Reconnus sur la scène architecturale internationale, ils enseignent parallèlement au Berlage Institute, l’Architectural Association, le Delft University of Technology ou la Columbia University.