05/05/2018
16/09/2018
Pour sa deuxième édition, la Triennale de Bruges a invité le Fonds régional d’art contemporain de la région Centre-Val de Loire (France), dont la collection est orientée sur les relations entre art et architecture des années 1950 à nos jours, à investir l’église et les jardins du Grootseminarie.
« L’architecture liquide est une architecture qui respire, qui pulse, qui bondit d’une forme à une autre. L’architecture liquide est une architecture dont la forme est contingente aux intérêts de celui qui l’habite ; c’est une architecture qui s’ouvre pour m’accueillir et se ferme pour me défendre ; c’est une architecture sans porte ni couloirs, où la prochaine pièce est toujours là où j’en ai besoin. »
Marcos Novak
Depuis la Maison tout en plastiques (1955-1956) de Ionel Schein jusqu’au pavillon nonLin/Lin (2010) de Marc Fornes & THEVERYMANY en passant par la Spiral House (1991) de Zaha Hadid ou le Tore plissé (1991) réalisé par l’agence Objectile, l’exposition présentée par le Frac Centre-Val de Loire traite de ces tentatives, répétées au cours de l’Histoire, de liquéfier l’objet architectural, sa solidité et sa massivité, en convoquant la courbe, l’organique et le mouvement contre la rigidité de l’angle droit.
L’exposition témoigne notamment de la montée en puissance de cette tendance à partir des années 1990 grâce au développement des outils de conception et de fabrication numériques. Les logiciels de Conception Assistée par Ordinateur (CAO) permettent dorénavant d’agir sur les propriétés structurelles des objets, c’est-à-dire de manipuler des modèles mathématiques et non plus de simples images. L’architecte ne dessine plus : il commande des opérations pour modifier en continu des maquettes virtuelles. En autorisant ainsi la variation d’une forme au gré de ces paramètres, ces outils ont favorisé l’émergence d’une architecture animée et vivante, où se mêlent circonvolutions organiques et surfaces continues.
Le Frac Centre-Val de Loire fut une des premières institutions à témoigner de l’apparition de cette tendance, dite tour à tour numérique, computationnelle ou digitale. Celle-ci a à son tour participé à la remise en cause d’une définition de l’architecture en tant que forme immuable et définitive au profit d’une « architecture liquide » (Marcos Novak). Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes et d’architectes (Perry Hall, Michael Hansmeyer) puisent dans le champ issu de la rencontre entre computation et sciences naturelles et s’inspirent de formes d’organisation naturelles permettant d’envisager la matière du monde en termes de comportements dynamiques, par définition instables.
Aujourd’hui une même chaîne numérique lie l’ensemble des étapes selon le principe dit « du fichier à la fabrication » et permet d’envisager la conception et la fabrication, mais aussi la construction (Gramazio & Kohler), au sein d’un même continuum. Pour autant, la réalité constructive n’apparaît pas dans le champ de l’expérimentation architecturale avec l’ordinateur, comme en attestent l’architecture-sculpture filmée par l’artiste belge Aglaia Konrad et construite entre 1967 et 1968 par l’architecte Jacques Gillet, le sculpteur Félix Roulin et l’ingénieur René Greisch, ou encore les recherches en morphologie structurale de David Georges Emmerich.
Avec des œuvres de : Bloom Games (Alisa Andrasek, Jose Sanchez), Peter Eisenman, Marc Fornes & THEVERYMANY, Gramazio & Kohler, Zaha Hadid, Michael Hansmeyer, Haus-Rucker-Co, Perry Hall, Aglaia Konrad, Objectile, Emeka Ogboh, Ionel Schein, David Georges Emmerich