Architecte diplômé de l’École technique supérieure d’architecture de Madrid (ETSAM) depuis 1964, docteur en architecture depuis 1966, Francisco Javier Seguí de la Riva est professeur d’analyse de Formes Architecturales dans cette même école depuis 1974. Il reçoit la Mention Spéciale de l’Excellence de l’Enseignement de l’Université polytechnique de Madrid en 2010. Il développe une pratique du dessin d’espaces architectoniques fondée sur l’imaginaire. Libéré de sa fonction technique, le dessin s’inscrit dans une recherche graphique proche de l’abstraction géométrique. Son travail a notamment été présenté au ZKM | Media Museum de Karlsruhe (2008-2009), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia de Madrid (2009-2010) ainsi qu’au MACBA de Barcelone (2012).
« Nous avons commencé en 1968. Le situationnisme nous attirait mais nous étions fascinés par la structure algorithmique qui animait les ordinateurs. Après avoir accepté que la figuration graphique pouvait se comprendre comme le jeu d’un ensemble de restrictions sur un système générateur strictement défini, les procédures qui pouvaient produire des configurations à faible probabilité nous intéressèrent.
Des scènes fonctionnant comme des annulations, comme des altérations d’une loi générale.
Quelques-uns d’entre nous exploraient cet environnement pendant que nos compagnons dégradaient des images initiales (comme les travaux de G. Searle), traçaient des figures à l’aide de différents ordinateurs (J.M. Yturralde) ou inventaient des fonctions altérantes qu’ils bloquaient aléatoirement (sérendipité).
L’emploi de l’ordinateur renforçait le sens formatif de notre travail et nous faisait comprendre que tout art graphico-plastique était un processus, plus ou moins réglé, de remplissage d’une chaîne qui s’effaçait ensuite en partie. Suivant des modèles précis ou des impulsions imprévues.
Nous poursuivions les deux moments actifs - en un même processus d’apprentissage.
Un germe, une loi, une chaîne qui se densifie jusqu’au noir. Une chaîne qui se remplit avec des unités qui, en croissant, se déforment jusqu’à ce que tout le plan se densifie. Et au milieu de ce processus, une intervention qui vide une partie de la chaîne (aléatoirement ou à partir d’une forme géométrique) et stoppe le processus de croissance des unités. Ce mode opératoire (formative art) était en relation avec les propositions de désoccupation active de l’espace (J. Oteiza, 1957) et avec la compréhension de l’œuvre comme un déploiement évolutif de « figuralité » (Formativité de L. Pareyson, 1960).
Avec un regard rétrospectif, cette aventure que nous avons vécue entre les années 1968 et 1974, ne nous a peut-être révélé aucune découverte spectaculaire, mais elle nous enseigna que l’artiste en train de travailler se plonge à l’intérieur d’un processus planifié partiellement qui le conduit vers un environnement de tentatives infinies d’ajout et suppression, d’ordonnancement et altération, qui seulement culmine avec l’abandon de l’œuvre pour recommencer une nouvelle expérience qui se rapproche du fortuit, de l’arbitraire, du vide ouvert à toute action. »
Francisco Javier Seguí de la Riva