Architecte, écrivain, publiciste, mais aussi professeur, Günther Feuerstein est une figure majeure de la scène architecturale autrichienne du XXe siècle. Dès le début des années 1960, il s’engage dans une critique du fonctionnalisme moderne et contribue par son activité critique, autour de l’Université Technique de Vienne, à soutenir et relayer les expérimentations d’une jeune génération engagée dans une refonte sociale et spirituelle de l’architecture. Ses articles dans la revue BAU (aux côtés d’Hans Hollein), tout comme les conférences, expositions et concours qu’il organise, font de lui un catalyseur du débat architectural, contribuant à fédérer, mettre en lumière et historiciser toute une génération de créateurs. En 1966-1967, Feuerstein signe l’exposition Urban Fiction, qui réunit des travaux de Hans Hollein, Walter Pichler et des projets d’étudiants : Laurids Ortner et Günter Kelp (futurs membres de Haus-Rucker-Co), Wolf D. Prix (plus tard, Coop Himmelb(l)au) y figurent, ainsi que des participants originaires de Graz, tels Friedrich St. Florian, Bernhard Hafner, Gartler et Rieder, Domenig et Huth. Le vernissage à la galerie St. Stephan de Vienne prend la forme d’un happening. Feuerstein projette un film et des images aléatoires, d’architectures « naïves » et populaires, d’environnements pop, sur une bande sonore avec comptines pour enfants. Quant aux maquettes, elles relèvent aussi de la performance : l’une est comestible, une autre vole à l’aide de ballons gonflés à l’hélium. En tant qu’architecte, Feuerstein contribue à cette recherche visionnaire, qui intègre les questionnements d’une époque sur l’habitat collectif et la communication (Salzburg-Superpolis, 1965-1967). Son intérêt pour les archétypes, y compris les formes architecturales les plus archaïques, ainsi que pour les éléments enfouis du psychisme humain, le rapprocheront de la scène artistique des années 1960-1970.
Né à Vienne, Günther Feuerstein obtient son diplôme à l’Université Technique de Vienne puis travaille à partir de 1951 chez Michel Engelhart. En 1961, il devient l’assistant de Karl Schwanzer et commence à enseigner à l’UT de Vienne ; il fonde son propre « Atelier d’étude, projet, recherche ». À partir de 1963, il dirige le « séminaire club », puis le cours « Étude expérimentale » (1966-1968), à l’instigation de Karl Schwanzer. Fondateur de la revue Transparent au cours des années 1970, Günther Feuerstein a contribué à l’histoire de l’architecture par ses projets, par les fruits de sa recherche et de son enseignement, dont témoignent ses très nombreux livres, articles, et expositions.