Reconnu comme précurseur du mouvement déconstructiviste par Peter Eisenman, l’architecte japonais Hiromi Fujii est l’auteur d’une recherche expérimentale particulièrement marquée par la pensée structuraliste européenne. Dès la fin des années 1960, à la même époque que Superstudio en Italie, il opère une critique des fondements du modernisme par une recherche sur l’idée de neutralité en architecture, notamment à travers un travail sur la grille. En accord avec les tendances minimalistes des années 1960-70, le conceptualisme d’Hiromi Fujii tend à ramener l’architecture à son « degré zéro », à un état premier libéré de toute charge historique. De 1968 à 2000, l’ensemble de l’œuvre s’organise selon des typologies qui élaborent de possibles variations. Ainsi à partir du Projet Q (1968), et jusqu’aux séries Mizoe des années 1990, Fujii élaborera nombre de projets développés en autant de métamorphoses complexes selon la dimension et les fonctions du programme. Ses recherches sur une géométrisation structuraliste de l’espace architectural s’exprimeront notamment dans la Maison Todoroki (1974), emboîtement de cubes où les éléments syntaxiques de l’architecture sont en permanence recomposés pour engendrer de nouvelles morphologies. Ses recherches seront alors publiées par Peter Eisenman dans la revue Oppositions. Parmi ses réalisations marquantes, on peut citer également les bureaux de l’entreprise Marutake à Saitama (1976), la « maison-pharmacie » à Chofu (1980), les bureaux du festival International d’Art d’Ushimado (1985) ainsi que le gymnase de l’Université Shibaura à Tokyo (1985).
Diplômé de l’Université Waseda au Japon en 1958 et élève de l’architecte Motoo Take, Hiromi Fujii s’établit en 1964 à Milan où il collabore avec l’architecte italien Angelo Mangiarotti et assiste avec intérêt à l’émergence des courants radicaux. Il voyage en Europe et s’installe à Londres en 1966 où il collabore avec Alison et Peter Smithson. De retour à Tokyo, il fonde sa propre agence Hiromi Fujii, Architect and Associates en 1968, où il développera ses expérimentations à travers des projets emblématiques, tels que E-2 (1968-1970), Nave of Signs (1989) ou Mizoe Hall (1992). La publication de ses textes théoriques suscitera un intérêt critique international et mènera à la publication d’une importante monographie par le critique international Kenneth Frampton (Rizzioli, 1987).