Artiste polyvalent, graphiste, vidéaste, photographe et sculpteur, Hugues Reip tente de faire ressortir d’un objet, d’un lieu ou d’une situation des aspects insolites et surprenants. « Je me souviens des gravures accompagnant les récits de Jules Verne, qui, rendant l’irréel véritable, évoquaient un monde qui aurait un corps, un temps, un espace visible différent du nôtre... mais au même endroit » explique l'artiste. En arrachant de la banalité des objets anodins dont il modifie des éléments, l’échelle par exemple, Reip crée des atmosphères irrationnelles au sein desquelles le spectateur se confronte à un univers aux objets distordus au point de n'être plus concevables. En 1991, avec ses Montagnes, il propose une interprétation sculpturale de motifs picturaux empruntés à des œuvres de peintres. De la toile, ou plus précisément de la forme peinte comme référent, il fait jaillir des volumes étranges et anachroniques. Building (1993), est une œuvre précoce dans la production de Reip, et qui, si elle se détache du fantasque, signale déjà l'intérêt de l'artiste pour le glissement sémantique des objets. Au château de Chamarande en 2009, son exposition intitulée Le Château avait comme point de départ un tableau d’Hubert Robert. L'artiste conçut des pièces spécifiquement pour chacune des salles (peintures, installations et vidéos), en cherchant à établir des résonances entre elles. Un monde à la fois féérique et inquiétant faisait entrer le visiteur dans une autre réalité, située entre « abstraction et magie ». Le travail de Hugues Reip peut se définir comme une stratégie d'envahissement du réel, où, selon une tactique invasive, il révèle une réalité relative.
Depuis le début des années 1990, le travail de Hugues Reip a été présenté à l'occasion de nombreuses expositions monographiques, dans des centres d'art (le Quartier de Quimper, Crac de Sète, le Domaine de Chamarande) ou des FRAC (Limousin, Basse Normandie). Représenté par la Galerie du Jour Agnès b., son œuvre a très vite passé les frontières de la France pour s'exposer notamment au Japon (Tokyo Wonder Site), en Islande (Safn Museum de Reykjavik) ou aux États-Unis (Brooklin Museum of Art de New York). Il est lauréat du prix Altadis 2004 aux côtés de Berdaguer&Péjus et François Curlet. Il enseigne à l'Ecole Nationale d’architecture de La Villette à Paris.
Nadine Labedade