C’est en tant qu’assistant de Claes Oldenburg, qui lui enseigne le rapport à l’objet quotidien, que James Casebere débute une pratique de sculpteur. Intéressé par le travail de synthèse entre architecture et sculpture de Siah Armajani, par les Land Artistes Robert Smithson et Robert Morris qui prenaient des vues de leurs installations in situ, il se met à photographier des petites structures qu'il réalise avec des matériaux pauvres (carton, polystyrène,mousse). Les clichés tout à fait singuliers de James Casebere exposent un réel manipulé, totalement reconstitué. En effet, l’artiste construit d’abord des maquettes avant de les photographier. Celles-ci font l’objet de mises en scène élaborées et leur contenu puise dans ce qui constitue les stéréotypes culturels de notre environnement sous ses aspects sociaux, psychologiques, historiques et esthétiques. Ses travaux des années 1980 s’attachent au mythe du Grand Ouest américain et à sa fondation ; il en recrée les décors et s’inspire directement de scènes de westerns relatant la vie des pionniers ou décrivant des paysages urbains. C'est aussi l'architecture du ghetto de Venise au XVe siècle ou celle du Siècle des Lumières qui alimente alors sa recherche. Influencé par les idées de Roland Barthes, Claude Lévi-Strauss, Robert Venturi ou encore par celles de Michel Foucault, il s'attache ensuite à l’histoire des banlieues, aux structures des prisons, des salles d’audience, des bunkers, des ports d'esclaves aux Caraïbes, etc., scènes vidées de toute présence humaine et la plupart du temps frappées de destruction, d'enfermement, d'inondation ou de toute autre catastrophe imminente dont nous serions les témoins. La théâtralité de ses travaux prend d'autres formes que celle de la photographie : intrusion d'images dans des espaces publics, sculptures monumentales ressemblant à des miniatures agrandies.
Né à Lansing dans le Michigan, James Casebere vit et travaille à New York. En 1976, il sort diplômé du Minneapolis College d'Art et de Design où il a côtoyé le sculpteur Siah Armajani. En 1977, il part à Los Angeles où il étudie avec John Baldessari dont il a été l'assistant et Douglas Huebler. Il obtient une maîtrise du California Institute of the Arts en 1979. De nombreuses expositions lui ont été consacrées aux États-Unis (particulièrement au Whitney Museum of American Art, au Solomon R. Guggenheim Museum et au Metropolitan Museum of Art de New York), au Canada et en Europe (il a notamment participé à la Biennale de Venise en 1996). Il a reçu plusieurs récompenses de la New York Foundation for the Arts, de la John National Endowment for the Arts et du Simon Guggenheim Memorial.
Nadine Labedade