Artiste polyvalent à la fois théoricien, peintre, architecte, Ludger Gerdes s’intéresse à la nature et à l’espace urbain, au rôle de l’art dans l’espace public et à l'art comme outil permettant d'analyser la façon dont les faits culturels produisent une signification sociale. Depuis le début des années 1980, période durant laquelle il partage les ateliers de la Hildebrandstrasse à Düsseldorf avec des artistes issus de l'académie de la ville (Harald Klingelhöller, Reinhard Mucha et Thomas Schütte), il s'interroge sur le « rôle que l'art est capable de jouer dans le monde ». Reconnu pour la rigueur conceptuelle de ses écrits consacrés à l’histoire et à la théorie de l’art, Gerdes combine dans ses œuvres la peinture, le dessin, l'art des jardins, la maquette et l’installation. Pouvant sembler à l'état de projets, ou apparaître comme des fragments de décors, ses propositions entendent fonctionner « comme un moyen de communication sociale ». Elles défendent une forme d'art collectif et questionnent la fonction symbolique des bâtiments publics comme les gares ou les musées par exemple, ainsi que l'organisation de nos espaces de vie. Dans ses recherches, le jardin paysager, le parcellaire bien organisé, les constructions proprement dites, ne renvoient à aucun style particulier ; les formes élémentaires qu'il emploie (rectangle, cercle...) – et qui font d'ailleurs référence au vocabulaire classique de l'architecture et à ses conventions – se combinent pour s'adapter à toutes les situations (Fadenhaus, 1985). L'art doit être un lieu d' « ouverture » (notion revendiquée par l'artiste), tant physique par la multiplicité des points de vue, que mentale (Bau-Bild Krefeld, 1984). L'œuvre, qui se pense comme « moyen de fabriquer le monde », s'affirme ainsi comme Denkmodell, modèle à penser la façon dont l'architecture et l'organisation de nos espaces produisent du sens (Ein Schiff für Münster, 1987 ; Place Granier à Montpellier, 1999).
Né à Lastrup en Allemagne, Ludger Gerdes fut l'élève de Lothar Baumgarten, Timm Ulrichs et Gerhard Richter à la Kunstakademie de Düsseldorf. Professeur à l'École des Beaux-Arts de Kiel depuis 2005, il a rédigé de nombreux essais. En 1982, il participe à la documenta 7 de Kassel puis expose à Hambourg, Münster, Krefeld, Rotterdam, Montréal (1996), au Musée d'art moderne de Saint-Étienne (1997) et dans de nombreuses autres villes d'Europe.