Artiste, architecte, designer, Ugo La Pietra est une figure majeure de la scène radicale italienne des années 1960-1970. Dès le début des années 1960, il s’intéresse aux expérimentations des architectes viennois (Hollein, Pichler…) et œuvre au décloisonnement des formes et des disciplines par le dessin, la peinture ou l’architecture en explorant le thème de la « synesthésie des arts ». À partir de 1967, Ugo La Pietra radicalise sa critique du fonctionnalisme, qui asphyxie selon lui l’individu. Il met en place un « système déséquilibrant » qui, à travers objets, environnements audiovisuels, immersions, vise à étendre notre champ de perception et à rendre actif le spectateur. Dans les années 1970, le territoire urbain devient son objet privilégié. Muni d’« outils de décodage », il arpente la ville dans ses moindres interstices, en quête de « degrés de liberté ». Utilisant la photographie, le film, le dessin ou le photomontage, l’artiste détourne et réinterprète méthodiquement l’espace urbain. La ville est pour lui tissée de nos comportements et de nos choix : « Habiter la ville, c’est être partout chez soi ».
Ugo La Pietra vit et travaille à Milan. Depuis les années 1960, il cumule les activités d’architecte, artiste, enseignant, commissaire, directeur et rédacteur en chef de revues (In ; Inpiù). Membre fondateur de Global Tools (1973), il organise la première exposition de design radical en 1974, à Milan, Belgrade et Graz (Gli abiti dell’imperatore) et participe à de nombreuses expositions (Italy : The New Domestic Landscape, MoMA, 1972 ; Biennale de Venise, 1970 et 1978 ; Triennale de Milan, 1972). Il a remporté le Compas d’Or en 1979. L’exposition du FRAC Centre en 2009 Abitare la città fut la première rétrospective en France de son œuvre.