Depuis le début des années 1990, Aglaia Konrad développe une approche photographique centrée sur les grands centres urbains et leurs périphéries. Entre fascination et critique de l’héritage architectural moderniste du XXe siècle, l’artiste souligne la contradiction qui existe entre ville rêvée et ville construite et observe l’inépuisable variété urbaine et les processus sociaux qui la forment. De ses voyages à travers le monde (Pékin, Le Caire, Chicago, Mexico, Osaka, etc.), elle rapporte des images souvent vertigineuses, faisant état de la croissance des métropoles à l'heure de la mondialisation. Desert City (1993-2006) présente notamment l'échec d'une ville nouvelle en plein désert dans la banlieue du Caire. Elle photographie ou filme aussi des espaces publics, des réseaux routiers ou des bâtiments exceptionnels. Les questions liées à la prise de vue sont pour elle indissociables de celle de la mise en espace des photographies, tant dans le cadre d'expositions que de publications. Compilées dans une archive comprenant plusieurs milliers de photographies, ces images sont pensées par Aglaïa Konrad comme des objets mobiles et conceptuels qu'elle rassemble par séries (Elasticity, Iconocity, Abondoned city, Absent city, Zionist city, Desert City). Lors de ses expositions ou éditions, elle les réactive dans des combinaisons infinies : elle développe ses images dans de nombreux formats et sur des supports variés, elle joue avec la répétition, la réversion, accentue les contradictions, les correspondances et les associations sémantiques. À Kassel lors de la documenta X (1997), les murs vitrés du pavillon d'exposition furent entièrement recouverts de vues urbaines tirées sur films transparents. Confrontant ainsi l'espace représenté à l'espace réel, Aglaia Konrad met à l'épreuve la fixité spatiale et temporelle de la photographie.
Née à Salzbourg, Aglaia Konrad, tout d'abord autodidacte, a étudié à l’Académie des Beaux-Arts Jan Van Eyck à Maastricht entre 1991 et 1992. Elle s'est fait connaître internationalement lors de la documenta X de Kassel en 1997. Son travail a depuis été montré dans d'importantes expositions collectives (dont Cities on the move au P.S.1 à New York en 1999 et Spectacular city. Photographing the future au NAI de Rotterdam en 2006) ou monographiques. Installée aujourd’hui à Bruxelles où elle enseigne à la Hogeschool Sint-Lukas, elle a réalisé plusieurs éditions telles Atlas volume I et II. Orbis Terrarum – Ways of World Making, 2000 ; Elasticity, 2002 ; 12 Cahiers, 2004 ; Iconocity, 2005.